Bombardier cesse la production de son avion amphibie
Aux prises avec un carnet de commande à sec, Bombardier met fin temporairement à la production de son avion amphibie Bombardier 415.
Une décision qui survient au moment même où l’avionneur cherche par
tous les moyens à dégager les fonds nécessaires à la poursuite de son
programme d’avions CSeries.
L’entreprise montréalaise a confirmé à Les Affaires avoir
pris la décision de s'offrir «une pause» et, par voie de conséquence, de
ne pas renouveler le bail de son usine de North Bay, en Ontario, où
l'emblématique appareil de lutte contre les incendies est assemblé
depuis 1998. Les principales composantes de l’appareil sont toujours
fabriquées à Montréal, mais elles sont depuis acheminées par la suite en
Ontario pour leur assemblage final.
Bombardier justifie sa décision par le fait que le
carnet de commande de l’appareil est vide. L’entreprise a assemblé deux
avions amphibie cette année mais n’a pas réussi à remporter de nouvelles
commandes depuis le début de l’année. Un troisième appareil 415 doit être terminé et livré d’ici la fin de 2015, après quoi l’entreprise cessera sa production, a expliqué Isabelle Gauthier, porte-parole de Bombardier Aéronautique.
Au cours des derniers mois, cet arrêt de production aurait déjà
entraîné des réaffectations de personnel à Montréal, et la mise à pied
d'une trentaine de travailleurs de North Bay, employés du sous-traitant Vortex Aerospace Services,
devrait suivre dans les prochaines semaines. La porte-parole de
Bombardier a déclaré ne pas être en mesure de préciser le nombre de
travailleurs de Montréal qui ont été réaffectés depuis le printemps, se
limitant à dire que les quelques 60 emplois liés au soutient à la
clientèle seraient maintenus.
«On parle bien d'une pause, c'est un arrêt temporaire», a précisé Mme
Gauthier. Bombardier demeure entièrement dévoué à cet appareil. Et il
suffirait que le carnet de commandes se remette à grimper pour que
reprenne la production». La porte-parole a cependant admis, ne pouvoir
assurer que les activités d'assemblage de l'appareil retourneraient dans
son usine ontarienne de North Bay, le cas échéant.
Au plus fort de la production de cet appareil, venu remplacé le
CL-215 lancé en 1966, environ 200 travailleurs oeuvraient à sa
production. Du nombre, une soixantaine de travailleurs étaient en
Ontario, y compris les travailleurs de Vortex. Actuellement,
162 de ces appareils sont toujours en opération. La Grèce, l'Italie,
l'Espagne et la France, figurent parmi ses plus grands propriétaires.
Dans un effort de sauver son programme CSeries, en retard de
deux ans et aux prises avec des dépassements de coûts importants,
Bombardier a déjà repoussé le développement de ses Global 7000 et Global 8000, mis en veilleuse son programme d’avion Learjet 85 et suspendu le paiement de dividendes.
La semaine dernière, Bombardier et Airbus ont également tous deux confirmé avoir discuté de la possibilité de vendre une part majoritaire du programme CSeries
au consortium aérospatial européen, pourtant son principal
concurrent. Des discussions similaires auraient été entreprises avec un
groupe chinois, mais n'ont jamais été confirmées.
La décision de cesser la production de son avion amphibie, a été
interprété par certains comme le dernier geste de Bombardier visant à
sauver le navire.Selon une estimation de Moody’s Investors Service,
produite en août dernier, les coûts de développement du nouvel appareil
aurait déjà atteint les 6,1G$US, dont 1,6 G$US au cours des seuls six
derniers mois.
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