Etonnante histoire d'un DC-3 disparu sans laisser de traces, quelque part sur le trajet Madrid-Cuatro Vientos vers Francfort, en Allemagne, le 3 octobre 1980.
Une équipe de cinéastes, à bord d'un Cessna 337, avait rendez-vous vers Barcelone pour filmer le vol, de conserve avec un Junker JU 52, mais l'avion a disparu après son décollage.
34 ans plus tard, Stephen Whitaker, un des enfants du pilote du DC-3 continue de se battre pour obtenir des éclaircissements sur ce qui a pu advenir de l'avion.
Son père, pilote militaire retraité, avait 61 ans quand il est parti avec cet avion, en compagnie de Lawrence Jerôme Eckmann, 35 ans, lieutenant colonel de l'US Air Force et pilote d'hélicoptère.
L'avion, immatriculé ECT-025 avait été acheté 900.000 pesetas (5.409
euros) dans une vente aux enchères à l'Armée de l'Air espagnole, pour le compte d'une entreprise allemande Kurfiss Aviation, aujourd'hui disparue. A sa tête se trouvait Günter
Kurfiss, un personnage extravagant qui avait acheté dans les années 1970, un autre DC-3 à des généraux d'Ouganda pour 18.000 dollars (13.600 euros) ...et 5 caisses de whisky. En dix mois, entre 1980 y 1981, quatre des DC-3 de Kurfiss Aviation se sont écrasés ou ont disparu, avec 14 membres d'équipage.
Günter Kurfiss avait embauché Harold Whitaker et Lawrence Eckmann pour convoyer, après réparations, le vénérable appareil, pour l'inclure dans la présentation de Air Classik, un musée aérien.
En dépit des travaux effectués, l'avion ne présentait pas les conditions les plus adéquates pour voler, selon les conclusions de la Comisión de Investigación de Accidentes de Aviación Civil
(CIAAC), mais vu le programme prévu pour finir sa carrière, un certificat de vol restreint lui avait été attribué.
Pour être à l'heure au rendez-vous en vol avec les cinéastes et éviter un vol de nuit, l'avion décolle à 15.29 sans autorisation, d'une piste inadaptée au poids de l'appareil. L'escale officiellement annoncée était Perpignan. Les conditions météo annoncées étaient bonnes sauf sur la province de Lleida, à cause de brumes et une visibilité verticale réduite.
Et depuis, plus de nouvelles du DC-3, sauf le signalement par le pilote d'un Piper PA-28 d'une quasi-collision... à l'ouest de Madrid.
Faute d'épave retrouvée, la commission d'investigation a envisagé une chute en mer, liée à une désorientation spatiale et un manque d'appareil de navigation.
Un Aviocar de recherche en mer de l'Ejército del Aire et un helicoptère du Escuadrón 803 avaient d'ailleurs ratissé en vain la côte catalane entre Barcelone et la frontière française. Mais le silence radio laisse le champ libre à tout autre scénario.
Selon Stephen Whitaker, le fils du pilote disparu, cela pourrait être lié à une opération "discrète" de la CIA, cliente des avions revendus par Kurfiss, qui fournissait aussi les équipages. Il effectue des recherches sur cette voie, en Espagne et aux USA, sachant que la CIA a un intérêt pour ces avions anciens, au point d'en avoir utilisé encore en 2011, pour l'aide aux rebelles anti-Khadafi.
Il a pris contact avec les autorités espagnoles pour avoir communication des documents de l'enquête (traces radar, documents liés à l'entretien de l'avion, certificats, etc...) mais, en l'absence de faits nouveaux, Madrid refuse de rouvrir le dossier.
Aux USA, Whitaker a choisi la voie judiciaire après des refus des administrations concernées, en invoquant la loi de transparence (FOIA), pour obtenir de la CIA, du Département d'Etat et du Pentagone, la mise à disposition de documents sur le DC-3 piloté par son père ainsi que de quatre autres appareils de Kurfiss Aviation, accidentés à cette époque. La semaine passée, une juge de district, Colleen Kollar-Kotelly lui a accordé partiellement raison, en affirmant que la CIA invoque abusivement certaines restrictions de la FOIA.
Whitaker recherche maintenant un bon avocat espagnol, aux honoraires raisonnables, compétent dans le domaine du droit d'accès à l'information, pour continuer ses recherches en Espagne, auprès des administrations espagnoles.
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