C'est l'histoire d'un homme qui mène une double vie, en tout bien tout
honneur.
Chaque week-end en effet, Gilles Collaveri troque son très
officiel costume de négociateur de contrats chez l'avionneur ATR pour
endosser sa panoplie d'archéologue aéronautique.
«Tout a commencé il y a
six ans lorsqu'un apiculteur de Colomiers, Monsieur Petit, m'a emmené
dans une friche près de chez lui et a déterré un morceau d'avion qu'il
avait vu de ses propres yeux s'écraser à cet endroit pendant la deuxième
guerre mondiale», raconte-t-il.
Depuis ce jour, cet ingénieur de
Tournefeuille s'est transformé en Sherlock Holmes des épaves d'avion et a
même créé un club d'archéologie aéronautique dans lequel il a entraîné
avec lui une trentaine de bénévoles passionnés.
«J'ai commencé par
interroger des personnes âgées de la région qui avaient été témoins de
crashs d'avion entre 1939 et 1945. En six ans, nous avons retrouvé plus
d'une trentaine d'épaves, poursuit-il.
Mais c'est quand l'épave a été
retrouvée que l'étape la plus passionnante commence. C'est comme un
puzzle : on part d'un bout de métal, on cherche ensuite de quel avion il
s'agit, dans quelles circonstances il s'est écrasé et bien sûr qui
était à bord.»
Pour ce faire, Gilles Collaveri s'entoure d'experts
situés dans le monde entier, qu'il n'a jamais rencontrés mais qui sont
devenus des amis virtuels : un Finlandais incollable sur les archives de
l'aviation allemandes, un Américain qui sait tous sur les plaques
d'immatriculation des avions ou encore un Niçois qui connaît par cœur le
nom de tous les pilotes français depuis un siècle. «Le plus beau, c'est
quand nous arrivons à retrouver des descendants de ces pilotes et que
nous leur remettons des vestiges de l'appareil car cela leur permet bien
souvent de faire enfin leur deuil.»