Les circuits touristiques en hélicoptère se démocratisent, pour peu que
l’on ne fasse pas durer le plaisir au risque de voir s’envoler… la
facture. En Charente-Maritime, trois professionnels proposent ces
produits dont Héliberté à La Rochelle, reconnue comme compagnie
aérienne.
Laurent Betton, et un de ses pilotes - Frédéric L’Horset- transportent environ 5 000 personnes chaque année depuis l’aéroport de La Rochelle, dont « 80 % de touristes », dans leur hélicoptère (photo Dominique Jullian)
L’île de Ré n’est pas la côte d’Azur. Quand il est de bon ton, à défaut
de bon goût, de se faire déposer dans le jardin de sa villa varoise en
hélicoptère, ou se poser directement sur la plage à la mode en maillot
et paréo, sur Ré c’est plus beaucoup discret. Mais possible.
Le transport de passagers en hélico sur l’île existe. « Mais nos clients
préfèrent que ce ne soit pas voyant, au contraire », confirme Laurent
Betton. Le gérant de la société Héliberté, à La Rochelle, a du coup une
base pour poser ces personnes aisées et pressées, plutôt clients des
Portes, au Martray, au nord de l’île. « De là, ils repartent en taxi, ou
des gens viennent les chercher ».
De Ré vers les aéroports
Une clientèle qui ne descend pas des lignes aériennes « low-cost » de
l’aéroport de La Rochelle. « Ça n’est jamais arrivé », sourit Laurent
Betton qui va chercher ces clients rares « aux aéroports de Bordeaux ou
Nantes ». Coût du transfert, « 1 500 euros TTC », annonce le gérant de
l’unique société à proposer cela en Charente-Maritime. Les autres
prestataires (lire encadré) sont limités à trente minutes de vol au
départ de leur base, Royan et Saint-Pierre-d’Oléron. Et ont obligation
de revenir se poser à leur point de départ.
Avec 5 000 passagers transportés par an (au départ seul de La Rochelle),
la société Heliberté (1) est, du coup, la seule reconnue comme
compagnie aérienne, en Charente-Maritime, et elle a essaimé sur neuf
autres bases dont Bordeaux et Arcachon. Partout, elle développe des
produits touristiques en hélico. De quoi séduire un large public.
4 600 euros « la balade »
Des gens très aisés comme cette famille russe installée dans un relais
et château de l’île de Ré. « Ils voulaient simplement survoler la côte.
Finalement, on leur a proposé deux visites de vignobles et un repas dans
un restaurant étoilé dans le Médoc ». Le tout en hélicoptère de point
en point, et retour sur Ré. En toute discrétion. Montant de la facture :
4 600 euros.
Mais pas besoin d’être milliardaire pour s’envoyer en l’air. Avec le
même appareil, un hélicoptère à turbine de 500 chevaux, on peut voler - à
220 km/h - entre Châtelaillon et… les Minimes. C’est beaucoup plus
abordable (45 euros) et plus modeste (moins de dix minutes de vol), «
mais superbe » vante Jean-Christophe Mercorelli, pour la mairie de
Chatelaillon qui a mis ce produit en place depuis cette année. L’office
de tourisme propose tous les jeudis, à partir de 16 heures, des départs
depuis l’héliport de l’hôtel des 3 îles aux Boucholeurs (2).
Un vol au-dessus de l’océan et le bord de côte possible grâce à
l’équipement des appareils de la compagnie. Ils sont dotés de bouées
gonflables sur chaque patin permettant de poser l’hélico sur l’eau en
cas de besoin.
Ce qui n’est jamais arrivé heureusement ni pour ces baptêmes express, ni
pour les tours beaucoup plus longs proposés par la compagnie. « Fort
Boyard est un produit d’appel important », reconnaît Laurent Betton qui a
baptisé un de ces circuits du nom du fort : Cap fort Boyard (165
euros). Un produit largement diffusé par les box-cadeaux.
« Les gens viennent de toute la France, sauf de la Côte d’Azur »,
observe le dirigeant. « Ils viennent pour le vol mais passent au moins
une nuit à La Rochelle, quelquefois une semaine. C’est 80 % de notre
chiffre d’affaires », reconnaît ce chef d’entreprise installé depuis dix
ans à La Rochelle, et heureux de son choix. « C’est environ 2 000
nuitées liées à ces vols », assure celui qui participe ainsi plus encore
au développement du tourisme dans le département.
Et tant pis pour les paillettes, « Monsieur tout le monde » est le
client le plus régulier. « L’hélicoptère fait encore rêver et beaucoup
de gens le découvrent ainsi : le week-end dernier, sur 50 clients, j’en
avais que 10 qui avaient déjà volé ».
Mais pour ceux qui veulent la jouer « people », ils peuvent contre 225
euros aller déjeuner sur l’île de Ré. « Déguster des huîtres exactement
», précise Laurent Betton qui a monté un produit spécial. Survol du pont
de Ré, le port de la Flotte, Saint-Martin par Vauban, Loix cernée par
la mer et les marais salants, puis le Fier d’Ars et le phare des
Baleines avec atterrissage pour une visite ostréicole et dégustation
d’huîtres. « Toujours au Martray », ajoute-t-il. Pas possible de la «
faire bling bling » quand même…
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